Les rites de passage de la fécondité.
Ce sont des rituels marquant la transition d’une phase de la vie à une nouvelle phase de conscience et de perception, le changement de statut social ou sexuel d'un individu, impliquant un changement de statut au sein de la communauté. Dans le monde occidental, cette notion s’est progressivement érodée.
Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.
Les rites de passage permettent de lier l'individu au groupe, mais aussi de structurer la vie de l'individu en étapes précises qui permettent une perception apaisante de l'individu par rapport à sa temporalité et à sa mortalité.
Ce phénomène a donc un enjeu important pour l'individu, pour la relation entre l'individu et le groupe, et pour la cohésion du groupe dans son ensemble.
Dans cet article, il s’agit d’amener du sacré autour du cycle menstruel, véritable bouleversement dans la vie d’une femme. Je citerais 3 rituels importants, sachant qu'il en existe bien d'autres.
1 - Le rite de passage des premières règles
Pour nombre d’entre nous, la puberté n’a pas laissé dans nos mémoires la douce félicité de pénétrer ce grand mystère qui s’ouvre à nous, celui de la féminité, et de ces précieux cycles.
Souvent mal accompagnées par nos mères, et pour cause, elles ne l’ont pas été davantage que nous, nous tentons alors de nous accommoder de nos flux. Vécus la plupart du temps comme un frein majeur dans nos vies survoltées, récupérés par le marketing martelant ses nombreux messages pour en « maîtriser » les « débordements », nous en avons oublié leur aspect sacré.
Le rite de passage des premières règles est un événement qui permet à la jeune fille de passer du caractère linéaire de l’enfance à celui cyclique de la féminité.
Un acte symbolique accompli au moment des premières règles permet de reconnaître, souligner et accepter le changement qui s’opère pour révéler sa propre nature de femme, et apprendre à utiliser les différentes énergies et capacités qui s’opèrent au cours des différentes phases de son cycle.
Cette notion de passage à l’obscurité avant de s’éveiller à une vie nouvelle se retrouve dans les contes traditionnels tels Blanche-Neige qui s’endort après avoir croqué le fruit de l’Arbre de Vie ou dans la Belle au bois dormant qui s’endort après son premier écoulement sanguin provoqué par le fuseau de la Vie.
On peut le retrouver dans le récit des divinités Déméter et Perséphone, quand Perséphone se voit contrainte de passer l’hiver dans le monde souterrain pour renaître dans un nouvelle vie au printemps.
Actuellement des ouvrages circulent dans cette réhabilitation des rituels de passage. Maïtie Trelaün, danseuse, sage-femme et écrivain œuvre à cette réhabilitation et décrit dans un de ces romans, l’initiation d’une adolescente au mystère des cycles féminins*. Un ouvrage qui se démarque par son approche sensible et respectueuse de ce portail qu'est la puberté.
2 - Le rite de passage de la maternité
La femme enceinte voit ses règles disparaître au moment de la conception et doit s’adapter progressivement aux modifications s’effectuant dans son corps.
La naissance d’un enfant marque un changement important. De la femme libre dans son individualité, elle devient celle qui nourrit, prend soin de l’autre. On peut déterminer 3 phases qui chacune peuvent faire l’objet d’un rite de passage :
La perte des menstruations, l’éveil de la femme au rôle de mère, le retour à la nature cyclique à la reprise des règles.
3 - Le rite de la ménopause
La ménopause tout comme la puberté constitue un changement radical dans la vie d’une femme. Les énergies féminines deviennent intériorisées. La femme ménopausée ne passe plus par le cycle de descente intérieure afin de régénérer ses énergies avant que de les porter à l’extérieur. Elle ne perçoit plus la vie de manière cyclique mais linéaire, consciente en permanence de l’équilibre des deux mondes, intérieur et extérieur, telle une chamane, guérisseuse et visionnaire.
Cette conscience intuitive étaient reconnue dans les anciennes cultures où la femme ménopausée était vénérée comme guide, détentrice de la tradition et lien entre le monde spirituel ou ancestral et la communauté. Elle offre sa connaissance et son vécu du monde intérieur de la source créatrice divine et de la spirale des lignées familiales, tenant le rôle d’initiatrice à la conscience spirituelle.
La reine Ygraine vieillissante, dans la légende du roi Arthur, se retire de la cour pour s’installer dans le Château des Vierges et y régner. Elle réside dans le monde intérieur , percevant et interagissant avec le monde extérieur. Elle est présentée comme forte et puissante. Elle remplit le rôle d’initiatrice auprès des jeunes filles pubères.
La femme ménopausée représente la dimension intérieure présente dans toutes les phases du cycle menstruel, elle incarne l’intégralité du cycle.
En le retenant, elle incarne le sang menstruel.
C’est la femme âgée de Blanche-Neige et de La Belle au bois dormant qui amène le commencement de la menstruation.
Le rite de la ménopause permet une acceptation de la mort de l’ancienne perception cyclique et l’éveil à son monde intérieur.
On entre dans l’âge des miracles.
Dans certaines tribus amérindiennes, les femmes ménopausée étaient conduites par une barque (le passage) sur une île déserte pour jeûner pendant 3 jours et 3 nuits (monde intérieur) avant de revenir vers la communauté.***
Une étude récente a démontré que les bouffées de chaleur, en augmentant la température du corps, constituaient une défense contre les maladies potentielles.
- « Aimez votre ménopause, c’est une expérience de la kundalini. Il doit y avoir là de l’extase. Harmonisez vous à ce que vous vivez et abandonnez vous à la Déesse Obscure ; je sais que l’issue en sera le renouveau »****
La ménopause nous prépare à devenir de vieilles femmes en bonne santé !
Béatrice Bissier
*Stella et le cercle des femmes, Maïtie Trélaün
**Lune rouge, Miranda Gray
***L’âge des miracles, Marianne Williamson
**** La femme shakti, V. Noble
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